L’une des adhérentes de La Griffe, à la suite du lancement de l’opération « Botanic » avec possibilité d’envoi d’une lettre-type pour protester contre la vente d’animaux vivants, a exprimé son désaccord avec les termes qui avaient été employés. Elle rappelait aussi que Botanic avait une démarche éthique, vendait de préférence des produis bio, et le directeur, dans le courrier qu’il nous a envoyé, nous informait des exigences de la chaîne en ce qui concerne le bien-être des animaux, etc.

Quant à nous, nous rappelons que notre courrier (voir ci-dessous) faisait état d’une situation générale, et qu’il concernait la totalité des animaleries, jardineries, élevages… Enfin tous endroits où l’on fait commerce d’animaux dits « de compagnie », qu’ils soient anciens ou « nouveaux ».

Cette dame nous écrit, en substance, toujours à propos de Botanic « Pas de chiots ni de chatons, encore moins de chiens et de chats chez Botanic… Pas de reptiles ni d’oiseaux non plus. » Tout cela est rigoureusement vrai.

En revanche, il y a d’autres animaux : des petits rongeurs par exemple…

Au moment où nous avions mis l’opération en route, nous n’y avions pas songé… Il y a quelques mois, nous avons été appelés pour plusieurs lapins nains qui étaient menacés de mort imminente…

Voici l’histoire.

Un couple, pour amuser les enfants, avait acheté en animalerie deux lapins nains, encore bébés, à peine sevrés. Les lapins grandissent vite. Pour avoir la paix, éviter de nettoyer les cages, ne plus les entendre gratter ni ronger, on décidait qu’ils seraient beaucoup mieux en liberté dans le jardin. Mais les lapins, livrés à eux-mêmes, et dont l’un était une lapine, s’attelaient très vite à ce qu’ils sont censés faire : des petits ! Fort heureusement, ce sont les chats de la maison qui se chargeaient de « réguler » les populations de lapereaux nouveau-nés, et ils ont dû y mettre une belle ardeur, car seuls quatre d’entre eux ont échappé aux matous consciencieux. Mais les lapins ne faisaient pas que des bébés : ils creusaient aussi des terriers (nains) ! Rien de plus normal pour un lapin qui a besoin de s’abriter. Sauf que les propriétaires du jardin, qui avaient rappelons-le, acheté les lapins, ne l’entendaient pas de cette (grande) oreille, et décidaient à l’unanimité, afin de sauver du désastre le sous-sol de leur lopin, la mise à mort des six fauteurs de trouble si on ne les en débarrassait pas très vite. Quelqu’un de la famille s’en est ému et a appelé… La Griffe. Laquelle Griffe, pas si coupante que ça, finalement, se disait que bon, on n’allait pas laisser ces pauvres petits se faire tirer dessus par un chasseur peut-être maladroit de surcroît, allez savoir…

Donc, on récupère les lapinous. Le couple d’origine, et les quatre fistons qui, étant nés et ayant vécu dehors, ne sont pas très coopératifs. Ceux-ci, il ne faut pas espérer les placer sauf à les laisser, une fois stérilisés, vivre leur vie dans un lieu clos et abrité. Soit six lapins.

Au bout de deux jours, nous avions une sacrée surprise : la petite lapine donnait naissance à… neuf rejetons ! Nous n’avons pas eu le cœur de les faire euthanasier. L’un d’eux, cependant, devait mourir au bout de deux jours. Quant aux autres, ils se portent bien…

Entre temps, l’un des six lapins d’origine devait lui aussi mourir pour une raison inconnue. On fait le compte : cinq plus huit, cela fait… treize lapins. On ne se rend pas compte, mais ça mange, ces toutes petites bêtes. En moyenne, entre 10 et 15 euros par semaine de légumes, du foin en pagaille, des granulés, des fruits aussi… Et c’est La Griffe qui régale. En principe, deux ou trois d’entre eux devraient être adoptés incessamment… Si vous avez des idées pour les autres, n’hésitez pas à nous en faire part.

Mais le plus drôle, on l’a gardé pour la fin. Savez-vous où avait été acheté le couple originel des petits lapins ? On vous le donne en mille : à Botanic ! Pas besoin de faire une recherche en paternité.

C’était juste pour expliquer que même si Botanic vend bio, ne « fait » ni les chiens ni les chats, leur démarche très éthique peut tout de même être à l’origine de situations bien glauques… Et qu’on ne vienne pas me dire que les gens sont irresponsables. C’est vrai qu’ils le sont ! Mais ils y sont bien encouragés, non ?

Nous ne laisserons pas partir des lapins tout à fait aptes à se reproduire à vitesse exponentielle. Nous allons les faire stériliser. Nous allons demander aux adoptants des frais d’adoption qui pourront éventuellement éponger les nôtres… Quelle chance avons-nous de placer ces animaux presque adultes en l’échange d’une somme trois fois plus importante que celle que l’on demande dans les animaleries pour des lapereaux tout neufs, tout juste sortis du giron de leur mère ? A peu près aucune, à moins d’avoir affaire à des adoptants militants. Cela existe. Mais ils sont rares.

C’est ce qu’on appelle l’effet papillon. Une cause anodine (l’achat de deux petits lapins dans une animalerie « éthique ») peut avoir des effets insoupçonnables, en l’occurrence l’embarras d’une association flanquée de petites bêtes certes sympathiques mais qui demandent des soins dont l’importance est inversement proportionnelle de leur volume et de leur poids.

Merci Botanic !

Josée Barnérias

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Pour info : la lettre-type dont il est question plus haut

Madame, Monsieur,

Avec La Griffe, association de défense des animaux, je désire exprimer auprès de vous mon indignation devant la marchandisation de plus en plus cynique des animaux appartenant à des espèces compagnes, qu’il s’agisse de chiens, de chats, de rongeurs, ou de NAC, mais aussi d’animaux issus d’espèces sauvages comme les poissons, les reptiles ou les oiseaux, telle que vous la pratiquez dans votre magasin de Beaumont (63).
Ce commerce ignoble n’a qu’un seul but : réaliser des profits sur la vie d’êtres sensibles.
Et voilà que vous organisez, le mercredi 4 novembre 2015, une « braderie » d’animaux vivants !
Nous vous demandons de renoncer à ce commerce indigne, et de vous en tenir au règne végétal où votre clientèle ne manquera pas de trouver son bonheur !

Avec mes salutations distinguées,