L’industrie de la fourrure
 
a-t-elle la peau dure ?
 
La Griffe était, le samedi 12 janvier, place de Jaude, à Clermont-Ferrand, avec un stand, des tracts, des pétitions, pour marquer la Journée sans fourrure, avec le soutien de Fourrure Torture. On a eu davantage de chance qu’un mois plus tôt, lors de notre action anti-gavage qui avait été vite négociée par la pluie battante et surtout par le vent déchaîné qui nous ont forcés à lever l’ancre, et vite.
On nous raconte des choses atroces sur la fourrure et la façon dont elle est obtenue. Des choses que moi-même j’ai répétées –sans avoir jamais pu les constater de visu– samedi dernier, place de Jaude, à Clermont-Ferrand, en m’égosillant dans le mégaphone, pas encore assez méga, à ce qu’il semble, pour le genre de message que nous avions à faire passer.

 
La Griffe s’était alignée sur la Journée mondiale sans fourrure initiée depuis 2007 par des associations comme Fourrure Torture, notre partenaire ce jour-là. Il s’agissait de dire aux gens : n’achetez pas, ne portez pas de fourrure !

L’industrie de la fourrure, labellisée luxe, est l’une des plus cruelles qui soient… Il y a des photos pour le dire, des vidéos aussi…

Pour l’anecdote, je me suis rendue sur le site de la Fédération française des métiers de la fourrure, c’était bien le moins que je pouvais faire, pour savoir ce que l’on en disait… Je n’ai pas été très surprise de lire « au niveau éthique, elle (la Fédération) affirme l’utilité de la fourrure pour l’environnement »… Ça commence fort ! Déjà ce besoin de se justifier, c’est plutôt bon signe, ça veut dire qu’on n’est pas si tranquille que ça…
« Dans le milieu sauvage, il est indispensable de réguler les espèces animales et, ainsi, de faire survivre celles qui disparaîtraient sous l’effet des prédateurs ou, dans le cas des plus prolifiques, des épizooties. Elle (la FFMF, NDLR) précise que seulement 10% des animaux piégés le sont pour la fourrure qui est seule à l’origine du financement des recherches et de l’utilisation de pièges sans cruauté pour 100% des animaux capturés. » C’est bien ce que je pensais, me dis-je, les animaux devraient remercier les fourreurs de leur faciliter la vie… C’est d’une logique implacable. S’il n’y avait pas l’industrie de la fourrure, il n’y aurait que des pièges cruels. Les animaux à fourrure, eux, savent très bien dans quel piège il faut aller, et que le piège dans lequel ils vont se faire prendre n’est pas cruel. Vous ne suivez pas ? Bon, c’est pas grave. Enfin, moi, ce qui m’embête c’est que, par définition, un piège, c’est de toute façon cruel…

« Dans
les élevages, la vie est créée qui doit se passer dans le bien-être avant un sacrifice indolore. Refuser l’élevage serait instaurer le néant là où existent des centaines d’espèces .»
Voilà bien des arguments indiscutables, me suis-je dit. Même si je n’ai pas, je dois l’avouer, tout compris (je serais preneur de quelques éclaircissements si d’aventure quelqu’un avait pu décrypter…) Les neuf dixièmes des quelque cinquante ou soixante millions d’animaux utilisés pour leur fourrure proviennent de l’élevage. Et si seulement 10 % des animaux piégés le sont pour leur fourrure, c’est parce que les pièges ne sont pas sélectifs et peuvent très bien vous attraper n’importe qui…
« Dans le milieu sauvage, il est indispensable de réguler les espèces animales… » Ah bon ? Et là où l’homme n’apparaît pas, les espèces ne se réguleraient pas toutes seules… Enfin, si c’est la FFMF qui le dit…
D’autres le disent, d’ailleurs, aussi. Les chasseurs, par exemple. Eux, ils savent de quoi ils parlent. Ils ont le truc pour réguler… Ils régulent si bien que, depuis qu’ils s’en sont mêlés, le nombre des sangliers en France a explosé. Mais comme ils sont là pour réguler la surpopulation dont ils sont eux-mêmes responsables, la boucle est pour ainsi dire bouclée.
« …et, ainsi, de faire survivre celles qui disparaîtraient sous l’effet des prédateurs ou, dans le cas des plus prolifiques, des épizooties… » J’avoue que le sens profond de la phrase m’échappe. Que signifie « faire survivre » ? Est-ce différent de « laisser vivre » ? Sans doute… Ce que je retiens, ce que, de toute évidence, nous devons retenir, c’est que, sans la main de l’Homme, seul maître après Dieu, et encore, le m
onde est FOUTU ! Heureusement que la FFMF est là pour nous le rappeler.
« Dans les élevages, la vie est créée qui doit se passer dans le bien-être avant un sacrifice indolore. Refuser l’élevage serait instaurer le néant là où existent des centaines d’espèces. » Là, on est carrément dans la métaphysique. On parle de « créer » la vie, d’ « instaurer le néant ». Néant, on aura ta peau !
Mais la question que l’on devrait se poser c’est : pourquoi, alors que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes de la fourrure, les élevages sont-ils à ce point occultés ? En effet, sur le site, pas la moindre photo d’animaux vivants. Pour le reste, bien entendu, c’est tant qu’on veut… On invoque les grands couturiers, Galliano & Co, avec des clichés de belles qui se prennent pour des bêtes… de luxe, cela va de soi.
C’est vrai que la fourrure, c’est chaud, c’est beau… Pourquoi faut-il toujours envier ce que les autres possèdent et le leur voler ? Aujourd’hui, la fourrure n’est plus indispensable pour se prémunir du froid. Refusons cette « mode » délétère ! Les GRANDS couturiers savent très bien tirer parti de la fourrure synthétique. La vraie éthique, elle est là ; et pas dans le verbiage incompréhensible et pompeux de la FFMF.
  Mais bon, allez expliquer tout ça lorsque vous êtes dans la rue, aux abords de la place de Jaude, un samedi après-midi à Clermont-Ferrand, capitale de l’Auvergne profonde où les chasseurs ont la vie dure et où, le 19 janvier, alors que certains, dont je suis, iront se geler les pattounes près de ces salopards de producteurs d’animaux de laboratoire, à Gannat, d’autres se réchaufferont l’âme et le c?ur en regardant griller le cochon saint et martyr de Besse, en grignotant force saucisses et saucissons sur la place où, il n’y a pas si longtemps, le bon peuple assistait au sacrifice (aujourd’hui, la bête est exécutée en coulisses) !
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                                 Le « stand » de La Griffe, dans le froid d’un samedi de janvier, place de Jaude.
 
Revenons à la fourrure (dont, je le précise au passage, les cochons sont totalement dépourvus, mais c’est pas pour ça qu’on ne les embête pas). Faut y mettre du c?ur. On était bien une dizaine de La Griffe, devant notre stand monté avec les moyens du bord, et les photos et affiches fournies par Fourrure Torture. Plus les amis, qui passaient, s’arrêtaient quelque temps, plus Théo le chien à fourrure qui, avec une infinie patience, a porté nos slogans sur son dos, sans broncher, avec même une impassibilité qui forçait le respect. Finalement, c’est peut-être lui qui aura fait le plus pour la cause…
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Une petite fille est venue nous tendre ce qu’elle avait pris dans sa tirelire : 1,30 euros très exactement. Le prix de l’espoir, le prix de l’empathie… C’est pas très cher. On se demande pourquoi il n’y en a pas un peu plus dans les rues de nos villes.
Une jeune femme de la boutique Lush, vous savez les cosmétiques faits au blender avec des légumes et des fruits, même qu’on en mangerait tellement ça sent bon, est venue nous rendre visite, a emporté des tracts. Lush, une enseigne qui, pour le coup, fait de son éthique un argument de vente. Garanti sans exploitation ni expérimentation animale (c’est dans le Centre Jaude, allez-y !).
On n’a pas vu passer beaucoup de visons ni de renards morts, mais peut-être qu’ils nous ont évités, allez savoir !...
 
                                                                                                           Josée Barnérias