Depuis un mois environ, la commune d’Oradour-sur-Glane, en Haute-Vienne, est le théâtre d’une série d’événements qui, pour tristement banals qu’ils soient, étonnent par la tournure qu’ils ont prise… D’attaques répétées de moutons par des chiens errants, on en est venu, d’après le quotidien Le Populaire du Centre (articles repris dans La Montagne), à mobiliser l’armée…

 

Le mois de septembre, à Oradour, aura été marqué par de véritables massacres d’ovins. Au total, ce sont 90 moutons qui auront été tués ou auront dû être euthanasiés à la suite de ce que l’on pense être des attaques de chiens errants. Il est toujours extrêmement dur de constater ces désastres, de pressentir les agonies et les souffrances de ces animaux qui n’ont aucune défense.

Sauf que, pour régler radicalement le problème, on a trouvé la solution : le semaine dernière, un chien de race labrador ou apparenté est devenu du jour au lendemain un bouc émissaire. Alors qu’il cheminait tranquillement dans le village, on lui a purement et simplement tiré dessus… Parce qu’on l’a soupçonné d’être l’auteur des faits. Une exécution sommaire, en quelque sorte. La propriétaire du chien a prétendu qu’il ne pouvait pas être le coupable. Rien ne le prouvait, en effet, et elle a exprimé son intention de porter plainte.

Et il s’est avéré que le meurtre de ce pauvre chien n’avait servi à rien. Les attaques ont continué. Lundi matin, 4 octobre, huit agneaux, qui avaient été cruellement mordus pendant la nuit, ont dû être euthanasiés.

La bête court donc toujours ! A Oradour-sur-Glane, les chiens n’ont désormais qu’à bien se tenir. Une centaine d’hommes en armes, à la suite de cet événement, se sont déployés aux alentours de la commune. Chasseurs, agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, et même… trente militaires. Preuve que le ridicule peut tuer… des chiens. Et pour être bien sûr de ne pas les louper, on a même mis au point un piège pour attraper les descendants de la fameuse Bête qui effraya, il y a une certaine lurette, le Gévaudan tout entier. Un piège sur le mode de la Chèvre de Monsieur Seguin. Dans un enclos, on va regrouper quelques brebis et attendre que les méchants se pointent pour les tirer à vue. Quant aux brebis, elles devront faire attention à ne pas prendre les balles perdues.

Le chien, descendant de canis lupus, est un prédateur. En zone rurale, on sait cela. Le chien n’est pas un assassin. Il répond seulement, lorsqu’il est placé dans certaines situations, à un instinct vieux de quelques centaines de milliers d’années. Qu’on arrête de nous bassiner avec ce fameux « goût du sang » rédhibitoire qui contaminerait tout prédateur qui un jour aurait touché une proie… Un chien gentil, même après avoir égorgé une dizaine de moutons, reste un gentil chien, et ne va pas se réveiller la nuit pour venir égorger ses maîtres adorés. De quel droit le condamne-t-on à mort ? En revanche, les massacres pourraient facilement être évités : il suffirait que les propriétaires de chiens ne les laissent pas errer, conformément à ce qu’exige la loi…

Quant aux propriétaires de moutons, ils ne montrent pas trop d’états d’âme lorsque leurs chers petits agneaux vont se faire égorger, le plus souvent sans « anesthésie », dans un abattoir agréé… Ou pas.

Mais, à Oradour comme ailleurs, qu’ils soient prédateurs ou « proies », ce sont toujours les animaux qui paient l’addition… 

 

                                                                                                                                               J. B.