Depuis sa création, en septembre 2010, La Griffe n’a cessé de recevoir, de toutes les façons possibles, et émanant de toutes les sources possibles, des appels, des signalements, des SOS, des annonces, des alertes qui avaient pour seul objet la grande détresse des animaux, la plupart dits « de compagnie », isolé, en groupe, en ville ou à la campagne, en France ou partout ailleurs sur cette fichue planète.

    Depuis sa création, en septembre 2010, La Griffe n’a cessé d’essayer de répondre à certains de ces appels, avec ses moyens et à son niveau, qui entraient dans son champ de compétences, son périmètre géographique, ses moyens matériels et humains, avec plus ou moins de succès aussi, parce que nous ne détenons pas les clés de l’usine aux miracles.

Trois années plus loin, nous avons à notre actif plusieurs dizaines d’animaux sauvés, certains attendus, comme les chats, très nettement majoritaires, quelques chiens, quelques lapins, et même, plus improbables, une vache, Diva, et son veau, Baryton.

Si l’OABA a consenti de prendre en pension à vie les deux derniers, pas mal des autres sont encore avec nous, chez les un(e)s ou chez les autres, partout où il restait un petit bout de place pour les caser, entendu qu’ils n’en prennent pas beaucoup, de la place. C’est vrai pour certains, pour d’autres… cela reste à voir. Mais comme disait ma maman, quand il y en a pour trois… Ben peut-être bien qu’il y en a pour trente…

Cela semble gentiment rigolo, vu de loin. De près cela l’est beaucoup moins. Pour des tas de raisons qu’on n’a aucun mal à imaginer. Mais qu’importe. C’est de toute façon moins pénible que d’avoir dû remettre de pauvres bêtes, qui n’en peuvent mais, à la rue, de leur infliger une  piqûre létale alors qu’ils ont plus que tout envie de vivre (chose qu’à La Griffe nous sommes bien incapables de faire : trop tendres, sans doute…).

Pourtant, nous avons dû nous soumettre à des situations inextricables. Nous avons dû faire euthanasier quatre chatons nouveaux-nés sur une portée de six (une chatte que l’on venait de capturer a mis bas dans la nuit, nous ne pouvions pas tous les garder, cela aurait été suicidaire), nous croulons sous les chatons qui seront bientôt des chats adultes, et qui deviendront de plus en plus difficiles à placer… Nous assistons jour après jour à des choses qui nous fendent le c?ur et auxquelles nous ne pouvons rien. Nous entendons les plaintes  des vieilles dames indignes qui se font houspiller, insulter, malmener, parce qu’elles ont l’outrecuidance d’avoir quelques compassions pour quelques chats crottés traînant autour de chez elles, et qu’elles nourrissent à la fortune du pot. Quel mal ont-elles fait pour être traitées ainsi ?

Comme nous en avions assez de devoir essayer tant bien que mal de réparer l’irréparable, de pousser, comme Sisyphe, à grand-peine le rocher qui, une fois en haut de la colline, ne manque jamais de redescendre à la vitesse V, nous avons décidé de prendre le problème en amont.

Nous avons initié la campagne La Griffe & Cie, et nous avons décidé de crier haut et fort notre éc?urement, notre saturation, notre colère.

Le premier acte de cette opération a été une réunion publique le vendredi 4 octobre. Le prochain sera une conférence, vendredi 29 novembre, intitulée « Animaux de compagnie : les élevages de la honte », par Brigitte Piquetpellorce.

Etat des lieux

Les espèces compagnes(carnivores domestiques, NAC) représentent aujourd’hui en France un marché annuel de quatre milliards d’euros. Outre les profits qu’en tirent les industriels de la nutrition, les vétérinaires, les éleveurs, et autres professionnels, cette situation génère un marché parallèle et clandestin (vente de chiots de particuliers, « braderie » de chiots ou de chatons ou d’autres animaux, voire de représentants d’espèces protégées, sur Internet, dans l’espace public, etc.).

 

 

Tous ces animaux sont considérés comme des biens de consommation jetables à l’envi : abandon d’un vieux pour en prendre un jeune, achats ou adoptions découlant d’un caprice, inconsidérés et vite regrettés, etc.

 

Ces phénomènes sont aggravés par la surpopulation de certaines des espèces susnommées, en l’occurrence les chiens et les chats surtout, dont les individus sont ravalés au rang d’objets et deviennent victimes de tous les abus, de toutes les violences possibles.

 

D’après nos estimations, entre 250.000 et 300.000 chats et plusieurs milliers de chiens sont mis à mort massivement chaque année en France, pour cause de surnombre, dans les fourrières et les refuges surchargés et aussi de manière « sauvage » et illégale par des anonymes.

 

Plusieurs millions de chats livrés à eux-mêmes survivent difficilement et brièvement dans la rue, soumis à la faim, au froid, à la peur, à la maladie, à toutes sortes d’accidents mortels et parfois à la cruauté des hommes. A cela, il faut ajouter les  massacres commandités par certaines collectivités locales qui pensent ainsi pouvoir se débarrasser de populations proliférantes et pouvant générer des nuisances (*).

 

Des dizaines de milliers de chienssont victimes de sévices, d’actes de cruauté, de maltraitances graves ou ordinaires (vie entière à l’attache, solitude, manque de soins, de nourriture, coups…), ou d’abandon, dans l’indifférence générale.

 

Des traitements inhumains sont ainsi couramment réservés à ces animaux qui nous sont les plus proches. Les mêmes phénomènes commencent à toucher les nouveaux animaux de compagnie (petits rongeurs, reptiles, furets…)

 

(*) En quoi ils se trompent lourdement : un espace laissé vacant par des chats sera très vite colonisé de nouveau par d’autres individus. Ainsi, la même situation perdurera d’année en année. La seule solution, pour éviter colonisation intempestive, maladies, etc., réside dans la stérilisation de tous les animaux vivant sur un site, leur nourrissage quotidien et leur suivi régulier.

Nos revendications

 

La Griffe juge la situation actuelle indigne d’un pays comme la France. En conséquence, La Griffe demande que soient instaurées en urgence les mesures suivantes :

 

Particuliers en possession d’animaux dits de compagnie

  • Interdiction de laisser les animaux se reproduire : stérilisation obligatoire des chats mâles et femelles avant l’âge de six mois et si nécessaire, des chiens.
  • Durcissement des sanctions en cas de mauvais traitements, d’actes de cruauté, de violences et d’abandon sur la voie publique.

 

Collectivités territoriales

  • Implication des collectivités dans les campagnes d’incitation à la stérilisation des chats auprès du public.
  • Participation au financement de campagnes de stérilisation des chats libres, en partenariat avec des associations de protection animale, jusqu’à ce qu’une situation gérable soit en place.
  • Obligation d’intervention ferme en cas de signalement de mauvais traitements ou de violences sur les animaux.

 

>Législation, commerce et élevage

  • Fermeté des sanctions et application stricte de la loi en cas de mauvais traitements, de sévices et d’actes de cruauté envers les animaux.
  • Stricte application, avec contrôles à l’appui, de la loi sur l’identification obligatoire des carnivores domestiques.
  • Interdiction de la vente des animaux sur Internet, dans les animaleries et autres jardineries.
  • Interdiction de la cession gratuite des animaux sur Internet, sauf par le biais d’associations dûment habilitées
  • Fermeture immédiate des élevages-usines avec reclassement des animaux.
  • Diminution drastique du nombre des élevages et mise en place de contrôles sévères concernant la façon dont les animaux y sont traités.

 

Autres

  • Octroi d’un agrément aux associations pour qu’elles puissent effectuer des contrôles dans le cas de suspicion de mauvais traitements et/ou de reproduction incontrôlée.
  • Lutte accrue contre tous les trafics, dont ceux d’espèces exotiques et/ou protégées.
  • Consultation régulière, à l’échelle nationale, mais également locale, des associations de protection animale par les élus et les décideurs.