Comme elles pèsent, les tristesses et frustrations dont Myrtille pâtit au quotidien. Tristesse de n’avoir les moyens de faire mieux, pour eux, pour tous les autres. Frustration de ne pouvoir leur offrir l’espace, les soins, la sécurité financière et matérielle. Tristesse de ne pouvoir disposer de plus de temps, de ne pouvoir consacrer chaque jour qui passe à ramener des milliers d’autres vies à la vie. Elle rêve d’un immense territoire où elle pourrait les mettre tous, et où ils se sentiraient bien.

Myrtille fait comme elle peut… Avec ce qu’elle a, c’est-à-dire pas grand-chose. Tant qu’elle en aura la force. Ces quelques vies, c’est déjà énorme, proportionnellement….

Enorme, ces quelque 22 chats, huit lapins, quelques hérissons, oiseaux, pigeon rescapés… Soignés ou hébergés dans une ancienne maison de campagne, froide et humide à souhait, mais dont le loyer correspond à ses petits moyens. Enorme, l’accueil d’un petit infortuné de plus…

Mais eux, ces quelques-uns, sont là, rassurés, aimés, pleins de tendre émerveillement, avec leurs bouilles et des regards purs et innocents, eux qui n’ont rien demandé à personne, qui n’attendaient rien de personne. Eux qui ne connaissaient que la peur, le mal, le froid, la faim.

Et pour que leur bonheur puisse être éternel, on se sent capable de faire fi de la fatigue, de l’épuisement, des découragements et des angoisses du lendemain… On fait fi, on se surpasse, pour perpétuer ce bonheur.  Le bonheur du bonheur de l’autre, l’autre, le « non reconnu ». C’est le travail de Myrtille et de tant d’autres personnes courageuses et généreuses… Un travail sans fin, sans statut social, sans salaire ni primes ni médailles, ni tickets restau, ni promotions, avec seulement des désavantages sociétaux à la clé… Puisque ces vies pour lesquelles nous travaillons ne sont pas « reconnues ». Par qui ? Pourquoi ? Allez comprendre…

Un bonheur de plus

Scénario probable classique : on craque sur les petits minois attendrissants des petits êtres animés en vitrine, dans une de ces animaleries qui brassent des vies, sans scrupules, pour le profit. Que c’est joli, un petit jouet vivant ! On en choisit un, parce que sa couleur nous plaît ou parce qu’il est venu vers nous avec ses grands yeux étonnés, parce qu’il semble plus vif et en meilleure santé que tous les autres.

Le vendeur nous fourgue cage et accessoires, sac de granulés bourrés de colorants, quelques savants conseils de professionnel, et hop ! Emballé c’est pesé, un petit lapin « de compagnie » pour nous amuser à la maison.

C’est bien mignon, mais on n’avait pas pensé qu’il fallait nettoyer sa cage tous les jours, le nourrir, lui consacrer du temps pour qu’il reste vif et en bonne santé. L’entretenir, éviter les parasites, les courants d’air, les fils électriques si on daigne généreusement le libérer quelques instants de sa prison. On n’avait pas pensé qu’il aurait des besoins physiologiques et psychologiques, qu’il grandirait et deviendrait mature sexuellement, qu’il pourrait ne pas être propre car la vie d’un petit lapin est aussi faite de marquages, de territorialité, de grignotages, de pathologies diverses…

Finalement, c’est bien mignon, mais bien contraignant. Et puis ça coûte ! Il faut encore acheter de la litière, du foin, des légumes sélectionnés, laver sa cage, l’amener chez le vétérinaire s’il prend froid, s’il est prostré, s’il a les dents qui poussent de travers, s’il a un mauvais transit … Et puis que faire de lui pendant les weekends et les vacances ?

Il nous faut aussi changer de portable, de télé, de cuisine… Et puis, on n’a pas le temps ! Non, décidément, on ne peut pas le garder.

Et voilà comment des centaines de petits lapins, des chinchillas, octodons, souris et rats, perruches et perroquets, etc., tous élevés et vendus sous le label « nouveaux animaux de compagnie »… finissent à la rue, ou « perdus » dans un bois, lâchés dans la nature (combien auront la chance de s’en sortir, combien tomberont sur une personne qui pourra ou voudra les aider ?), et commencent à saturer les refuges, eux aussi, en plus des chiens et des chats.

Thaïs est un de ceux-là. Mis à la rue. Perdu, désorienté, dans une ville avec voitures, gens, bruits assourdissants de toutes parts, béton et danger partout… Où aller, où se réfugier, comment se débrouiller, comment survivre ? Combien de temps ? Comment comprendre ? Que faire, à part trembler de peur, à part essayer de surmonter la panique, la terreur d’un monde incompréhensible pour lui, hostile, indifférent, menaçant ? Un petit animal n’est encore qu’une « chose » trop insignifiante pour les gens. Ils ont bien d’autres soucis à régler, bien des priorités et des urgences dans leurs vies déjà bien encombrées, saturées, pressées, programmées… Et des appartements qui doivent rester rangés, décorés, aseptisés.

Thaïs est un petit lapin qui a eu beaucoup de chance, grâce à, peut-être, une formidable bonne intuition… Ou bien ce sont des Anges qui se sont penchés sur lui, en cette période de Noël 2015… Car il a eu la bonne idée d’aller se cacher dans une résidence. Probablement que là, il avait senti un peu moins d’agitation, un peu moins de bruit, avec quelques carrés herbus dans tout ce bétonnage et ce goudronnage… Et aussi des personnes un peu moins pressées, un peu plus sensibles à leur environnement. Un monsieur l’a vu, a remarqué le désarroi de ce petit lapin, a deviné son abandon, et lui a offert une première chance… Tout ce qu’il pouvait faire, et il l’a fait, c’était de soustraire Thaïs à la jungle de la rue et de l’amener chez le vétérinaire le plus proche. Une petite clinique qui ne payait pas de mine mais où on a laissé à Thaïs, au moins, une seconde chance.

Après avoir examiné puis installé le petit lapin dans une cage de convalescence, le vétérinaire a contacté une de ses clientes qu’il savait sensible à la protection animale. Le sursis pour Thaïs devait être court… On ne pourra le garder longtemps à la clinique, faute de place, la cage devant être libre pour des animaux en soins, hospitalisés. Donc, on essaiera de le garder « quelques jours » pas plus, puis ce sera direction la fourrière, passage obligé, hélas. Avant la condamnation à mort, on le sait bien… Car qui viendra réclamer un petit lapin abandonné à la fourrière ?

La jeune femme a immédiatement lancé un « SOS pour lapine menacée de fourrière et de mort programmée ». Le vétérinaire a cru que Thaïs était une lapine, mais c’est bien d’un beau petit gars qu’il s’agit.

Peut-être que la magie de Noël était effectivement au rendez-vous pour Thaïs… Car par le biais d’une synchronisation incroyablement parfaite au niveau du « timing », Myrtille, du fin fonds de sa campagne creusoise, mue par un de ses élans familiers, soudain, tenace et puissant, s’inscrit à un forum de SOS Animaux, persuadée qu’elle devait trouver une compagne à Flocon (petit lapin de sa famille de rescapés, resté seul depuis la mort de Lutine, une grande lapine sauvée d’un clapier de ferme), afin qu’il soit stimulé et ne se laisse pas déprimer. Parmi ces trop nombreux SOS douloureux, elle avait décidé de n’ouvrir que ceux qui concernaient des lapines (deux lapins mâles cohabitent rarement, car ils se battent pour leur territoire), afin de s’empêcher de « craquer » pour d’autres cas faute de place et de moyens financiers pour les soins et la nourriture. Et elle n’allait sélectionner que les SOS les plus urgents, afin de pouvoir sauver une lapine « sans solution » (celles qui sont déjà en famille d’accueil, par exemple, ou récupérées par des associations auront plus de temps et plus de chance d’être adoptées, leur vie n’étant plus en danger immédiat). C’est ce que pensait Myrtille, à ce moment-là, pour se donner du courage face à la situation dramatique de tous ces petits bouts.

C’est ainsi que Myrtille ouvre en premier ce post-là « URGENT : SOS pour lapine menacée de fourrière et de mort programmée ». Et, voyant que rien n’avait été proposé pour cette lapine,  elle répond qu’il faut tout faire pour empêcher la mise en fourrière de cette pauvre petite, et qu’elle peut  l’accueillir, pour cohabitation avec Flocon. Myrtille, le cœur battant, poste des photos de la vie des chats et des lapins, avec sorties dans le jardin, en liberté dans les pièces, jamais de cage, foin et verdure à volonté, stérilisations faites, soins vétérinaires NAC assurés… Pour bien montrer que la lapine serait non seulement sauvée mais vraiment heureuse et épanouie dans cette vie-là. Myrtille demande à la dame de supplier son vétérinaire d’accorder un délai, le délai qu’il faudra pour trouver un covoiturage depuis Paris jusqu’en Creuse.  Finalement, la dame a pris Thaïs chez elle, en attendant qu’il s’envole…

Thaïs est vraiment un petit « miraculé » de Noël ! Si le vétérinaire n’avait pas fait une erreur de sexage, Myrtille n’aurait même pas ouvert ce SOS ! Les Anges étaient là, pour lui, c’est certain !…

Et les Anges humains se sont aussitôt mis à l’œuvre, eux aussi. C’est magnifique et émouvant. Plusieurs personnes ont réagi à l’appel pour covoiturer Thaïs… Dont des aviateurs ! Ce petit lapin est magique. Ce fut un véritable merveilleux esprit de Noël.

Nous découvrons ainsi une toute jeune association : FFBW, Fly For a Better World (Vol pour un monde meilleur).

Des aviateurs mettent leur profession, leurs avions, au service des animaux, de la nature, des associations, de  l’écologie. Merci. Espoir qui renaît qu’un jour tous les animaux puissent connaître un monde meilleur pour eux. Et c’est ainsi que, grâce à FFBW, Thaïs s’est envolé, pour atterrir dans la région de Myrtille. Une formidable aventure. Un rêve éveillé !

Aujourd’hui, Thaïs cohabite avec tous les chats dans la première partie de la maison. Il les adore ! Et les chats l’adorent ! C’est absolument magnifique : complicités, jeux, tendresse… Il savoure sa nouvelle vie faite de liberté absolue, de joyeuses présences, de bonne nourriture, d’espace, de liberté d’être.

Et Flocon n’est pas resté seul, car il a une autre petite compagne actuellement. Tout est bien qui finit bien, pour eux, au moins…

Quant à Thaïs, le nom qui lui a été donné est celui d’un… papillon.

Par Myrtille. Fin 2015

L’histoire de Thaïs, en vidéo et en images :

 Page Facebook de Fly For a Better World (avec Thaïs à l’honneur)

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Petit lapin abandonné en région parisienne, dans sa cellule chez le vétérinaire, en attente de fourrière.

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Arrivée de Thaïs à l’aérodrome de Montluçon-Guéret, dans l’avion piloté bénévolement par des aviateurs de Fly For a Better World 

 

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Puis, Thaïs, parfaitement à l’aise, tout émoustillé et en confiance totale, découvre sa nouvelle maison et sa nouvelle famille

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Première sortie de Thaïs au jardin ! Cabrioles, signes de tête, bonds de gazelle… Il nous a fait une de ces fêtes !

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Papillon THAÏS !

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Présentation de l’association Fly For A Better World : des aviateurs au service de la nature, des animaux et de l’écologie !

Présentation de l’association Fly For A Better World : des aviateurs au service de la nature, des animaux et de l’écologie !

Apporter un soutien aérien aux associations et ONG écologistes, de protection animale et de la nature, tel est le but de Fly For A Better World.

Association loi 1901, FFBW réunit des pilotes bénévoles de tous horizons, privés ou professionnels, avion, hélicoptère, ULM ou tout autre engin volant, souhaitant voler utile.

Chaque année un pilote a l’obligation de voler un nombre minimum d’heures. Ces heures, nos membres proposent de les mettre au service de la défense de notre planète !

Fly For A Better World, les différents moyens d’action en vol au service de nos membres associations et ONG écologistes:

– Repérage et prise de photos de lieux et d’animaux (exemple requins pèlerins en vue de pose de balises et marquage) ;
– Déplacement de matériel (par exemple matériel de plongée donné à une ONG) ;
– Convoyage d’un animal domestique vers sa famille adoptante ;
– Surveillance de pollution, de dégazage de navires, de pêche illégale ;
– Largage d’un parachutiste ou de paquets sur site ;
– Tractage de banderole revendicative (exemple contre la captivité des cétacés) ;
– Vol de sensibilisation du public à l’écologie (par exemple vol découverte des cétacés pour des élèves) ;
– Toute autre forme d’action de vol peut être étudiée, dès lors que la réglementation aéronautique et civile ainsi que l’ordre public le permettent strictement et qu’elle entre dans l’objet de l’association.

Toutes nos actions de vol sont et resteront conformes aux lois et réglementations aéronautiques et civiles en vigueur au niveau national et international.

Les conseils de FFBW à travers l’expertise de ses pilotes sont également à la disposition de nos associations et ONG partenaires.

Les vols sont intégralement à la charge de nos membres commandants de bord pour les actions de quelques heures. Pour des actions utiles à nos membres associations et ONG écologistes FFBW met à leur disposition nos pilotes membres, toujours bénévoles, ayant les qualifications nécessaires à la conduite du vol sur l’appareil pris en charge par ladite association ou ONG membre.

FFBW s’engage à toujours utiliser l’appareil le moins impactant écologiquement à sa disposition.

Nos membres sont sensibilisés aux pollutions des moteurs et sonores (gestion du moteur et trajectoires), ils sont également invités à signaler toutes pollutions repérées ou risque pour l’écologie comme les feux de forêt ou la pêche en zone protégée aux autorités compétentes.
Les observations de certains animaux comme les mammifères marins sont mis à la disposition des associations, ONG et organismes de protection ou scientifiques avec dates, heures et coordonnées géographiques.