Des souris et des hommes
Amis Griffeurs, Amis Griffeuses,
Faut que je vous avoue? Des années que ça me dérange. Des années aussi que je ferme les yeux. Et de me dire : que faire d’autre quand on est médecin ? «Ethiquement condamnable mais scientifiquement indispensable…» C’est ça, c'est bien… Prête à tout pour avoir la paix, une conscience toute belle, bien nette, bien proprette. Oui, j'ai accepté l’expérimentation animale. Des millions de rongeurs, chiens, lapins, chats, singes et d’autres encore, sacrifiés sur la paillasse de la recherche médicale ou de la science avec un grand S…
Jusqu'à ce que des scientifiques, authentiques et authentifiés, créent l’association Antidote Europe pour témoigner du contraire. Ils l’affirment, ils le prouvent : les tests effectués sur les animaux n’ont pas de pertinence scientifique !
L’expérimentation animale : aussi cruelle qu’inefficace.
Aujourd’hui, tout médicament que l’on s’apprête à vendre doit avoir été au préalable testé sur des animaux afin de prouver son efficacité d’abord, son manque de toxicité ensuite. C’est la loi, censée assurer la sécurité des premiers cobayes humains. Or, il faut bien l’admettre, une souris nous ressemble… assez peu. C’est ainsi que, pour notre bien, le vaccin de la grippe H1N1 a été testé sur le furet parce qu’il a « dans son anatomie locale et dans le décours naturel de la grippe une grande analogie avec les humains »1. En d’autres termes, le nez du furet ressemble au nôtre. Ce n’est pas une plaisanterie, c’est le Rapporteur de l’Agence Européenne du Médicament (EMEA) qui l’écrit. Certes, tous les vétérinaires savent que le système immunitaire du furet ressemble plutôt à celui du chien… Et quand bien même, une « grande analogie », n'est-ce-pas un peu léger ? Le chimpanzé est l’animal qui nous est le plus « analogue ». Pourtant, si on lui inocule le virus du sida, il ne développe jamais la maladie…
La loi impose l’expérimentation animale avant mise sur le marché simplement parce qu’elle se fonde sur le principe qu’une espèce animale peut être le modèle biologique de l’homme. Un principe qui affirme donc que tester l’efficacité et évaluer la toxicité d’un médicament sur des cohortes d’animaux cobayes est capable de nous renseigner sur les effets futurs chez les êtres humains.
Ce serait vrai en effet? si nous pouvions faire des petits avec notre chien, le lapin de la voisine, le hamster de votre fille ou le chat de ma belle-mère. Le concept est osé.
Figurez-vous que notre organisme fonctionne grâce aux protéines. Elles sont partout. Par exemple, les enzymes qui digèrent les aliments que nous ingérons sont des protéines. L’hémoglobine qui transporte l’oxygène dans notre sang est aussi une protéine… J’arrête là, je sens que je vais vous lasser.
Qui donne les instructions pour les fabriquer, ces fameuses protéines ? Qui « décide » comment elles seront, ce qu’elles feront, et tout et tout ? Les gènes, Messieurs Mesdames. Simplement les gènes.
Deux individus issus de deux espèces distinctes n’ont pas le même patrimoine génétique. C’est cette différence, d'ailleurs, qui les empêche de se reproduire. C’est heureux, admettons-le ! Patrimoine génétique différent implique donc synthèse de protéines différentes… dont le mode d’action différera au sein de l’organisme.
Revenons à notre médicament que l’on veut tester ! Dans notre organisme, il est amené dans le foie pour y être transformé et, si possible, devenir inoffensif… Ou pas ! Car, pour un médicament donné, telle espèce animale aura l’outil hépatique adéquat pour lui retirer toute toxicité. Et telle espèce ne l’aura pas.
Alors, observer la réaction d’un chien puis l’extrapoler pour prédire la réaction de l’homme est tout simplement absurde. Et observer la réaction d’un chien, et d’un chat, et d’une souris, et d’un singe, puis l’extrapoler pour prédire la réaction de l’homme est tout autant absurde, si ce n’est à tester le médicament chez toutes les espèces de la terre. Cela risque de prendre du temps et cela ne nous renseignera toujours pas avec certitude sur les effets futurs chez l’homme. Un produit a très bien pu réussir haut la main les tests de toxicité chez plusieurs espèces animales et se révéler au final toxique pour l’être humain.
Citons l’Isoméride qui devait aider les personnes obèses à réduire leur prise alimentaire et qui a provoqué, chez certaines, une hypertension artérielle pulmonaire conduisant… à la greffe de poumons. Et puis, en 2008, un autre médicament anti-obésité, l’Acomplia, retiré du marché parce que bien moins efficace que ne le laissaient penser les études cliniques, mais responsable de syndromes dépressifs et d’idées suicidaires. Tout récemment, l’AFSSAPS2 a suspendu également l’autorisation de mise sur le marché du Médiator en raison d’une efficacité modeste dans la prise en charge du diabète comparé au risque avéré d’atteinte des valves cardiaques… On connaît la suite…
Non, aucune espèce animale ne peut être le modèle biologique de l’être humain… Parce que le lapin se régale sans danger d’amanites phalloïdes (non, votre belle-mère n’est pas un lapin !) et parce que le chat résiste très bien à la toxine botulinique. Parce que le mouton tolère bien l’arsenic (non, votre belle-mère n’est pas non plus un mouton !), parce que le porc n’a aucun souci avec l’antimoine…
La strychnine, ça fait marrer le cochon d’inde. A l’inverse, la pénicilline le tue, ainsi que le lapin. De très petites doses de paracétamol, pourtant antalgique courant, peuvent être fatales au chat. Et on peut faire mourir un chien en lui faisant ingérer du chocolat noir ou de l’oignon… C’est dire !
Je vous livre un test de toxicité parmi d’autres : la dose létale 50 ou DL50. C’est la dose qui tue la moitié d’un lot d’animaux. Pour la nicotine, la DL 50 chez la souris est de 3mg/kg, elle est de 50 mg/kg chez le rat. On fait quoi pour déterminer la dose toxique chez l’être humain ? Je vous vois venir, laissez votre belle-mère en dehors de tout ça !
Quant aux souris génétiquement modifiées que l’on produit en masse pour soi-disant se calquer sur certaines maladies humaines, ça ne tient pas mieux la route. Contrairement aux patients humains, celles atteintes de mucoviscidose ne présentent pas d’infections pulmonaires mais meurent d’occlusion intestinale, cette complication étant inexistante chez les êtres humains. Autre exemple : des souris mutantes censées reproduire le cancer du colon développent une maladie dont le début rappelle effectivement le cancer du colon humain pour s’en éloigner ensuite…
L’expérimentation animale a été rendue obligatoire il y a un siècle, une époque lointaine, révolue. Antidote Europe propose à sa place des tests sûrs, peu coûteux, facilement reproductibles, afin que tous les pr
oduits chimiques, médicaments ou non, soient testés de façon réellement scientifique, sans avoir recours aux tests sur les animaux.
64 % des français sont d’ores et déjà opposés à l’expérimentation animale3. Que deviendrait ce nombre s’ils savaient que les tests sur les animaux sont… éthiquement condamnables, scientifiquement aussi ?
ANTIDOTE EUROPE a besoin de tout notre soutien (l’adhésion est à 15 euros). Soutien financier d’abord, car la mise au point de méthodes substitutives a un coût. Pour se faire entendre des politiques ensuite. Pour l’instant, le sort des souris, des chiens, des lapins et des autres, ça ne les empêche pas de dormir… Devant la fiabilité toute relative de l’expérimentation animale, il faut leur reconnaître au moins ceci : le sort de votre belle-mère leur importe tout aussi peu.
Anne.
1 : Réponse du rapporteur de l’Agence Européenne du Médicament au Docteur André Ménache, vétérinaire, directeur d’Antidote Europe. La notice d’Antidote. Mars 2010.
2 : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé.
3 : Sondage Ipsos-One voice 2003.