Introduction
Il fut un temps, pas si lointain, où l’on se préservait de la surpopulation féline en massacrant systématiquement les chatons, et pas seulement les nouveau-nés, par des procédés que l’on n’ose qu’à peine évoquer tant ils étaient cruels, et en laissant « faire la nature ». Les stérilisations restaient marginales.
Aujourd’hui – signe des temps – les populations humaines sont plus sensibles à la souffrance animale, les pratiques évoluent, et c’est tant mieux. Les mises à mort cruelles de chatons, même si elles existent toujours, sont moins nombreuses et considérées comme de la pure barbarie. Elles ont cédé la place à la démission, au refus de voir et de savoir. Résultat : les chats en errance prolifèrent, pour leur plus grand malheur. Et c’est nous, les humains, qui en sommes la cause. Nous n’acceptons pas d’avoir des colonies de chats devant nos portes, mais nous ne faisons rien pour endiguer le phénomène. Il existe pourtant des solutions qui ne recourent ni à la prédation, ni à la brutalité, mais en appellent à la bonne volonté des uns et des autres et au courage politique.
Nous essaierons ici de faire le point sur les causes et les effets de la surpopulation des chats errants en France. Et nous tenterons d’apporter des réponses aux questions que pose une situation de moins en moins gérable, cauchemar des associations qui se sont donné pour but de protéger et de sauver les animaux.

Les causes
A l’origine, il y a l’homme, qui a domestiqué les chats il y a environ 10.000 ans. Les petits félins vivent depuis lors dans son sillage.
La notion d’animal de compagnie est relativement récente, même si les faits ont précédé le concept, mais la plupart des chats de France, pays à dominante rurale, vivaient auparavant, comme dans de nombreux pays du monde, libres et livrés le plus souvent à eux-mêmes. Ils se reproduisaient au même rythme qu’aujourd’hui, et la plupart ne survivaient pas longtemps (différentes causes : la main de l’homme, le manque de nourriture, les prédateurs, etc.). De fait les populations sont restées longtemps relativement stables sur le plan quantitatif.
Depuis quelques décennies, les chats meurent moins. Un grand nombre d’entre eux possède un foyer. On supprime moins souvent les chatons, préférant essayer de les placer ou les confier à un refuge, voire à la rue si l’on ne sait qu’en faire.
Un chat non stérilisé qui vit en extérieur ou bien y a accès sera en mesure de se reproduire à partir de l’âge de six ou sept mois.
Un chat non stérilisé qui vit à l’intérieur d’un appartement sans accès à l’extérieur finira par poser des problèmes : marquage urinaire, feulements, modification du comportement… Ce que voyant, certains détenteurs de chats non stérilisés préfèreront les mettre dehors le temps que ça leur passe, au risque de ne jamais les retrouver. Ils viendront grossir le nombre des chats en errance. (Illustration : Richelieu et ses chats par Charles-Edouard Delort – Fin XIXe siècle).
Dans n’importe quel cas de figure, un chat mâle ou femelle non stérilisé deviendra tôt ou tard un reproducteur incontrôlable.
On ne peut pas passer sous silence l’attitude des propriétaires de chats qui, pour des raisons le plus souvent fantaisistes et qui n’appartiennent qu’à eux, refusent la stérilisation (motifs financiers, religieux ou assimilés, négligence, etc.). Ces situations ne représentent pas des cas isolés.
D’après les estimations de certaines associations, dont One Voice qui fournit un travail dont on ne peut mettre en doute le sérieux, il y aurait en France entre 8 et 10 millions de chats errants, qui ont été abandonnés ou sont issus de lignées à l’origines desquelles on trouve un abandon. Lorsqu’on sait que la population des chats « familiers » représente 13 millions d’individus, on mesure l’ampleur du phénomène. D’autant qu’un seul couple de chats peut être à l’origine, sur trois ou quatre ans, de la naissance de plusieurs milliers de chatons (on évoque le chiffre de 20.000 chatons sur quatre ans). C’est ce que l’on appelle une croissance exponentielle.