Des nourritures pour le futur…
Les Estivales de la question animale attaquent leur deuxième décennie. Les organisateurs les promènent dans toute la France, au gré des lieux jugés accueillants. Après la Normandie, la région parisienne, la Haute-Loire et d’autres sites, la petite troupe s’est installée pour la seconde fois consécutive à Marlhes, près de Saint-Étienne, du 21 au 30 juillet.
L‘ initiative de ces rencontres annuelles entre gens préoccupés par ce qu’il est convenu d’appeler la question animale et qui recouvre le très large spectre des relations homme/animal, c’est-à-dire en gros l’histoire de l’exploitation du second par le premier, revient aux représentants du mouvement antispéciste. Dès l’origine, en 2002, il s’agissait de réfléchir pendant une grosse semaine, émaillée de conférences et autres débats, sur toutes les problématiques liées à l’exploitation des animaux non humains.
Les onzièmes Estivales se sont donc épanouies cette année encore dans le cadre champêtre de la Maison familiale rurale de Marlhes, une charmante commune d’environ 1.400 âmes, perchée à 940 mètres d’altitude dans le parc régional du Pilat… De quoi conférer une certaine hauteur aux échanges qui devaient s’y dérouler.
On ne s’ennuie pas pendant les Estivales, on ne chôme pas non plus. Et si les lieux gardent tout de même un petit air de vacances, il n’est toutefois pas question de s’endormir. Une conférence le matin, une autre l’après-midi. Et des débats. Philosophie, droit, sciences… Les participants sont venus pour apprendre, mais aussi pour échanger leurs connaissances, leurs expériences, pour s’exprimer sur leur vécu de militant, sur les difficultés qu’ils rencontrent. Pour puiser de la force aussi dans le pot commun d’une même conviction. Tous sont pour le moins végétariens (si d’aventure ils ne l’étaient pas, ils le deviendraient, au moins pendant cette semaine-là). Beaucoup sont vegans. Pour eux, l’engagement pour la libération des animaux de l’emprise violente de l’homme passe par le renoncement à la consommation de produits d’origine animale. Ni viande, ni poisson, ni laitage. Pas de cuir non plus. Cohérence totale.
Cette semaine de juillet, le parc du Pilat a bénéficié d’un temps de rêve. Les participants pouvaient avoir accès, moyennant une somme modique, à des dortoirs de trois ou quatre places, mais nombre d’entre eux avaient opté pour la bonne vieille tente accrochée sur les pentes herbeuses du terrain entourant la MFR et où ils pouvaient être accompagnés de leurs chiens. Il se trouvait même quelques camions aménagés pour des occupants à deux ou quatre pattes. Une ambiance qui rappelait vaguement les Seventies, les communautés autogérées, les sacs à dos et les rêves de paix. Mais pas seulement, car les Estivales c’est avant tout des gens d’âge et d’origine divers, dont le point commun est l’intérêt qu’ils portent à la cause animale. Un souffle carrément libertaire soufflait néanmoins en permanence sur le lieu. Jusque dans les savoureux repas concoctés par l’équipe de Las Vegan, pour lesquels chacun payait ce qu’il voulait, ce qu’il pouvait… Des repas servis dans cette même salle où, une fois les tables débarrassées et nettoyées par des volontaires, avaient lieu conférences et débats : une autre nourriture, intellectuelle celle-là, mais tout aussi roborative.
On aurait cherché en vain dans les plats présentés la moindre trace de souffrance animale. Les repas étaient exclusivement végétaliens. À chaque fois, un menu différent, et complet. Légumes, légumineuses, céréales, fruits, protéines végétales… Des desserts d’enfer, sans beurre, sans crème, sans ?ufs… La preuve par le goût qu’une alimentation alternative est possible. On le savait déjà, mais il n’est pas inutile de le répéter.
Cette année, avec une centaine de participants, la fréquentation des Estivales était sensiblement plus importante que les années précédentes. On peut y voir un signe. Quelque chose est en train de naître. Quelque chose de vraiment neuf. Quelque chose que jamais personne n’a encore inventé : un monde où les animaux ne seraient plus nos esclaves. Mais ce sera pour plus tard…
Àsuivre, l’année prochaine…
Josée Barnérias
(1) Les Estivales de la question animale sont placées sous la responsabilité des Éditions Sentience.
(2) Las Vegan est une association de restaurateurs itinérants et… vegans (cela va sans dire) qui peuvent se déplacer à la demande. Pour les joindre : lasvegan@lustucrust.org