Regarde-moi bien dans les ?ufs !
La Griffe avait rendez-vous avec Hugh et Joris, les deux émissaires de l’association L214, le vendredi 4 février, place de Jaude, à Clermont-Ferrand. C’est là que devait prendre fin la tournée « Poules pondeuses : éradiquons les cages ! », une campagne d’info et de sensibilisation qui avait emmené, à un train d’enfer, les deux garçons dans une dizaine de villes du sud de la France.
Jusqu’au cou
C’est juste à proximité de l’entrée du centre commercial qu’ils avaient installé pancartes et calicots. Une « griffeuse » avait endossé le costume de la poule, une magnifique tenue jaune canari en poils synthétiques (la couleur tenait plus du poussin que de la poule adulte, mais bon…). L’ensemble est assez coquet (et dans coquet, il y a… coq !), vu de l’extérieur. En subjectif, vu de dedans, c’est relativement confortable jusqu’au cou… Après, avec le masque en latex et les deux trous pour les yeux qui arrivent au niveau des joues, c’est discutable. Mais on ne va pas se plaindre : les poules (les vraies) connaissent bien pire
L’équipe « poules pondeuses » place de Jaude, le vendredi 4 février… Photo L214
D’abord, ça dure plus longtemps : un an, avant d’être emmenées, pour leur premier et dernier voyage, à l’abattoir le plus proche. Un petit bain, la tête la première, dans de l’eau fraîche où passent, indifférents, quelques milliers de volts, et on est prête pour le casse-pipe. Tant pis pour les connes qui ont relevé la tête au moment du shampoing, ou pour les demi-portions, trop petites pour atteindre la surface de l’eau. Elles auront la tête tranchée quand même, mais auront la surprise de voir arriver le couteau.
On aurait dit que le soleil était sorti exprès pour nous. Dans l’Auvergne sauvage, c’était la première belle journée depuis bien longtemps. Des gens étaient venus en renfort, de La Griffe, mais d’autres aussi, comme Thierry, d’Auvergne végétarienne attitude (AVA), ou Melvin, de Droits des animaux, pour faire signer des cartes postales demandant que les enseignes de la grande distribution retirent de leurs rayons les ?ufs de poules en cage (ben voyons !). Les passants étaient plutôt favorables à ce genre d’initiative (on leur aurait demandé de supprimer le steak frites, ça aurait été plus dur, je pense). Lorsqu’on s’est rendus au Carrefour Market du coin, on avait 250 cartes à offrir au directeur. Bon, il faudra encore pas mal ramer pour que tout cela change, mais, il y a dix ans, qui aurait pu imaginer que le sujet intéressât le citoyen lambda ?
Les mecs, à la machine !
Les vraies poules dans les vrais élevages… Photo L214
Les poules pondeuses en cage vivent un enfer. Pour en savoir plus long, il suffit de se rendre sur le site de L214. Ce sont toutes des filles, bien sûr, puisqu’il n’y a que les filles qui pondent. Les garçons sont impitoyablement éliminés dès le berceau (par gazage ou par broyage), ça laisse songeur, ces dizaines de milliers de poussins, tout contents d’être enfin sortis de leur coquille, qui passent tous les jours dans la machine à décerveler, à dépiauter, à faire du pâté de poussin, avec les plumes s’iou plaît ! Rien que du naturel !
Mais voilà la grande nouvelle : en 2012, la réglementation va changer. Au lieu de s’emmerder sur une feuille A4, les poules danseront sur un format encore non répertorié, entre le A4 et le A3. Plus près du A4, quand même, faut pas déconner non plus. Tu leur donnes ça, elles demandent ÇA.
Après avoir mûrement réfléchi, La Griffe se dit que le mieux, c’est encore de ne pas manger d’?ufs, parce que les poules du plein air, elles n’ont pas gagné le jackpot non plus. Sauf à adopter une ou deux emplumées rescapées d’élevage (oui, oui, c’est possible) qui se feront un plaisir de pondre, jusqu’à la fin de leurs jours ou presque, quelques ?ufs de bon c?ur rien que pour vous et vos potes. Quant à ceux qui ne peuvent adopter de poules et restent accros à la mouillette, on leur conseillera les ?ufs de poules élevées en plein air (code sur la coquille commençant par le chiffre 0 ou 1 avant les lettres qui indiquent la provenance (1FR (France) ou 0FR). A proscrire : les 2 et les 3.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Merci à Joris, à Hugh, à Thierry, à Monique, à Melvin, à Joëlle, à l’inconnue dont j’ignore le prénom, à Alexandre, à Laetitia, et à la poule aussi, quand même… Et puis j’en oublie peut-être. Enfin, merci, et à la prochaine !
Jeph Barn