La Griffe a un peu bougé ces derniers temps… Elle n’est pas allée très loin, mais elle y est allée. D’abord le samedi 21 septembre, à Montluçon, dans l’Allier, pour participer à la Journée de l’animal. Nous étions deux, Anne et moi, rejointes sur place par Maïté et Jacqueline, deux complices de là-bas. On a installé notre stand, posé nos valises et nos tracts, nos banderoles et nos arguments… On a, du même coup, installé le stand de L214 qui, n’ayant personne sur place, avait fait appel à nous.
On n’a pas eu à convaincre beaucoup de monde. On aurait préféré, mais la manifestation a été un peu boudée par le public. Dommage, c’était une journée magnifique ! Les barnums avaient été installés par la Ville, en rond, comme des chariots bâchés à l’époque de la ruée vers l’Ouest, façade tournée vers l’intérieur. Vu de l’autre côté, ce n’était peut-être pas très engageant… Pourtant la place Jean-Jaurès, entièrement rénovée, est un lieu agréable, surplombé par le bâtiment imposant de l’hôtel de ville.
Un parcours balisé
Les stands n’étaient pas tous occupés… A côté de nous celui du refuge de la SPA Montluçon, un peu plus loin, l’association Pauline, et puis le stand des Amis des ânes (ADADA). Sur le stand de la PMAF, où un anonyme avait déposé quelques tracts, nous n’avons vu personne de la journée…
Cette manifestation ne nous aura pas apporté grand-chose sur le plan de la notoriété de l’association, mais elle nous aura permis de revoir les copines, et de prendre tout de même quelques contacts. Ce genre d’initiative n’attire pas les foules. Est-ce une raison suffisante pour ne pas y aller ? Si aucune association ne prend cette peine, elle n’aura plus lieu du tout… Il ne s’agit pas de faire les difficiles. Tous les prétextes sont bons pour faire connaître la cause animale. Du moins est-ce notre avis.
Le samedi suivant, direction l’Allier toujours, mais cette fois-ci à Gannat, pour le remake de la grande manif qui avait attiré, en janvier dernier, quelques mille personnes dans les rues de la petite ville et surtout devant le centre d’élevage de beagles, propriété de Harlan Group. Plus d’un millier de chiens destinés à alimenter les labos de France et de Navarre pour des expériences dont certaines sont certainement atroces, toutes étant pour le moins traumatisantes, et le plus souvent mortelles.
Cette manifestation-là, organisée par les collectifs Chiens des rues, No Harlan Group et We Are One, représentés par Caroline Seiler-Cristofari, était différente de la première. Plus confidentielle (nous étions beaucoup moins nombreux : 400 environ), elle se déroulait par temps clair et doux, et sur un parcours imposé par les autorités. Pas question, comme en janvier, de s’avancer jusqu’aux portes de l’élevage. On nous a cantonnés en ville. Comme pour les manifestations anticorrida, il est désormais hors de question que les manifestants approchent des lieux de sacrifice. On doit avoir peur que ça leur échauffe les sens au point qu’ils ne se maîtrisent plus. C’est extrêmement pénible, mais dans le même temps, cela signifie que quelque part, on fait peur…
Zanimos ? Kézako ?
Nous n’étions que quelques centaines, et alors ? Nos amis et alliés les Italiens n’avaient cette fois pas pu se déplacer. Quoi, on est des grands ! On peut maintenant manifester tout seuls ! A l’issue de la manifestation, saluée de temps en temps par quelques encouragements d’autochtones bien appréciés, on s’est tous rassemblés sur le champ de foire, à l’ombre des grands arbres centenaires.
Il y a eu quelques discours, émouvants, comme celui de Brigitte Piquetpellorce, actuelle directrice de la Cellule antitrafic de la SPA, de Maire-Claire Pouillen, une militante de la première heure qui avait largement contribué à faire échouer, dans les année 90, la tentative de Marshall Farm d’installer un centre d’élevage de beagles (comme celui qui existe à Gannat) à Montbeugny, toujours dans l’Allier. Finalement, vu la levée de boucliers déchaînée par le projet, la multinationale avait dû renoncer… Comme quoi, la résistance peut être payante…
Le même jour, dans la Somme, on protestait contre le projet du centre d’élevage dit des Mille vaches. Dans le commentaire qui a été diffusé sur France Inter, on a évoqué les manifestants, des écologistes et des éleveurs protestataires. A aucun moment, on n’a cité les associations de protection animale, qui pourtant étaient bien là. Mais ça ne semble pas le moins du monde évident à certains journalistes que l’on puisse se mobiliser pour défendre les animaux. Complètement incongru, même. Zanimos ? Kézako ?
Revenons à nos beagles de Gannat. Ces pauvres bêtes devront souffrir et souffrir encore, pendant des générations, avant que quelque chose dans la tête des bipèdes ne change. Avant que nous n’accédions à cette « humanité » dont nous nous prévalons tellement.
D’abord, il faudrait que les gouvernements, de droite comme de gauche, cessent de prendre fait et cause pour les tout-puissants tortionnaires. A Gannat, samedi, il y avait quasiment autant de gendarmes que de manifestants ! L’industrie pharmaceutique et ses affidés sont bien protégés. Nous, nous ne sommes encore que très peu nombreux. Mais la faiblesse du nombre peut être compensée par la force de la détermination… Soyons forts !
Joss Barn