Encore une année qui commence mal. Avec, entre autres horreurs, des tortures infligées à des moutons, dans le département de l’Hérault, et un cheval mutilé quelque part en Auvergne… Ce ne sont finalement qu’anecdotes au regard de toutes les horreurs perpétrées chaque jour dans le monde et dont les animaux, TOUS les animaux, sont à chaque seconde les victimes désignées. Des crimes dont on connaît le plus souvent les auteurs, mais qui sont accomplis en toute impunité.

Rappelons-le une fois encore : LES ANIMAUX SONT DES ÊTRES SENSIBLES, qui nous ressemblent fort, pour la plupart des espèces en tout cas, qui sont dotés d’intelligence, et ressentent nombre d’émotions, comme la joie, la tristesse, la colère, la peur…

 

Le 7 janvier, la chaîne Arte a diffusé un documentaire sur la pêche industrielle,  

La fin du poisson à foison ? (dans le cadre d’un Thema). Cette pratique n’a, elle, rien d’anecdotique. On n’en compte même pas les victimes en unités, mais en millions de tonnes ! Pourtant, chaque poisson est unique. Il faut voir le traitement qui leur est réservé sur le pont des immenses bateaux-usines qui sillonnent sans trêve les océans, c’est innommable, et leur agonie dure longtemps, très longtemps (pour en savoir plus sur la pêche industrielle, voir le site de One Voice). Pas besoin d’être scientifique pour reconnaître leur détresse lorsqu’ils se débattent, tordus de douleur, entassés les uns sur les autres, énorme masse palpitante et informe, asphyxiés dans des filets géants qui coupent, blessent, mutilent. Ce sont des millions de poissons qui, à chaque fois, sont extirpés avec la plus grande violence d’un milieu naturel où ils se mouvaient sans entraves, même s’ils devaient composer avec la menace des prédateurs. On ne peut pas dire, comme Descartes, que ce ne sont que des machines, que « cela ne sent rien ». Même la science, aujourd’hui, admet que ces animaux souffrent.

Quelles excuse a-t-on ? L’économie ? L’emploi ? Oui, bien sûr, ils arrivent à point nommé  lorsqu’il s’agit de trouver des prétextes à nos pires exactions. On les évoquait déjà lorsqu’il s’agissait d’abolir l’esclavage. Les raisons alimentaires ? Lorsqu’il s’agit de poissons d’élevage, alors que l’on sait qu’il faut 5 kg de poissons sauvages pour « fabriquer » un kilo de poissons d’élevage ? Lorsqu’on sait qu’un grand nombre de « prises », après avoir été malmenées tellement que bien peu y survivent, sont rejetées à la mer alors qu’on ne garde que les espèces qui ont la faveur des consommateurs ? Lorsqu’on sait les ravages écologiques que provoque ce type de pêche dans les fonds marins ? Lorsqu’on sait que les océans sont en train de se vider de toute vie ? Lorsqu’on sait qu’aujourd’hui, il existe des façons de se nourrir qui excluent les produits d’origine animale et qui ne présentent que des avantages.

La viande est à l’origine de situations cauchemardesques, tant du point de vue des élevages que de l’abattage. Nous ne devrions simplement plus en consommer. Il ne faudrait plus consommer de poisson non plus. Personne n’est innocent. Nous sommes tous responsables de ces horreurs. Cessons de nous voiler la face et de chercher les responsables dans le marché, l’industrie et toute autre hydre aux milliers de têtes, ce qui a l’avantage de concerner tout le monde sans désigner personne. En trente ans, la consommation mondiale de poissons a plus que doublé, d’après les chiffres qui sont rendus publics. De 6 kilos par personne et par an, on est passé à seize kilos… En 2006, la production mondiale était de 144 millions de tonnes, qui se répartissent en 92 MT pour la pêche, 52 MT pour l’aquaculture. Quand bien même on diviserait notre consommation par dix, cela ne suffirait pas pour éviter les massacres. C’est caricatural, mais tout de même, ça cause : supposons que les animaux humains n’aient le droit de consommer chacun qu’un seul kilo de poisson par an, ce qui a priori est très raisonnable. Un kilo multiplié par 7 milliards d’individus, cela donne 7 milliards de kilos, c’est-à-dire 7 millions de tonnes. Combien d’individus là-dedans ? Sans compter les victimes collatérales. Des milliards de morts infligées, beaucoup trop de souffrances, pour très peu de produit consommé, pour un bénéfice nutritionnel quasiment nul, pour un tout petit plaisir par tête de pipe… Des grosses victimes, des petites, toutes créatures marines confondues, parmi lesquelles des mammifères aussi : baleines, dauphins…

Calculs d’épiciers et qui sont, de surcroît, totalement absurdes, car tout est beaucoup plus compliqué. Possible. Mais cela montre à quel point une pratique anodine à l’échelle d’un individu peut se révéler une abomination lorsqu’elle est partagée par le plus grand nombre. Il est temps que l’humanité, qui croît et se multiplie encore aujourd’hui sans retenue, apprenne la frugalité, sous peine de devenir un monstre grouillant et proliférant, doté des mêmes capacités de nuisance, mais démultipliées, que les espèces qu’elle craint et abhorre le plus, et dont elle fait, très injustement, ses boucs émissaires.

N’est-il pas temps de cultiver désormais la mesure en toute circonstance, y compris lorsqu’il s’agit de démographie ? C’est quelque chose que chacun sait pour l’avoir éprouvé dans sa vie de tous les jours : il est parfois bien difficile de concilier qualité et quantité.

Dans le Nouveau testament, l’évangéliste Matthieu rapporte le récit de la multiplication miraculeuse des pains et des poissons par Jésus, pour rassasier une foule de plusieurs milliers de personnes, et pour laquelle on ne disposait au préalable que de cinq pains et de deux poissons. Nous assistons aujourd’hui à un autre type de multiplication : celle des exactions, des meurtres sur les animaux, des dégradations de la biosphère. Elle n’a rien de miraculeux. Et le miracle, au contraire, serait qu’elle s’arrête très vite. Pour cela, nous devons tous jouer notre partie, et ne pas attendre que d’autres le fassent à notre place.

La colère gronde. Certains d’entre nous ne veulent plus avoir honte de leur propre espè
ce. J’ai honte pour ce cheval mutilé, j’ai honte pour ces poissons agonisant sur le pont des navires, j’ai honte pour tous les crimes commis par homo sapiens, et auxquels, peu ou prou, je participe, même si j’essaie de réduire au maximum mes comportements destructeurs. Dans un premier temps, la pêche industrielle, les élevages industriels, ne doivent plus être subventionnées ni aidés d’aucune façon. Avec l’argent économisé, il serait sans doute possible de créer d’autres activités, plus éthiques, et d’employer des gens à d’autres tâches que celles qui consistent à faire du père de famille le plus attentif un tueur impitoyable.

Individuellement, nous sommes impuissants. Le seul moyen d’action réelle que nous ayons réside dans nos comportements et notre mobilisation. Ne cautionnons plus les massacres. Refusons d’être complices. C’est à la portée de tous. Souvenons-nous que nous n’avons plus désormais aucune excuse pour nous comporter en prédateurs. Renonçons à tuer, à faire souffrir, même par procuration. C’est sûr, nous nous sentirons mieux après…

                                                                       Joss Barn

Dernière minute : du 17 au 19 janvier, la Grande halle d’Auvergne, à proximité de Clermont-Ferrand, accueille le 25e Carrefour national Pêche loisirs. Entre autres animations sur le thème de la pêche, il en est une qui a retenu tout particulièrement l’attention de La Griffe. L’association Sancy Pêche, en effet, s’est intéressée aux très jeunes, en mettant à leur disposition des bassins où seront déversées de truites d’élevage… Voilà ce que cela donne : « Priorité est accordée aux jeunes, auxquels nous servons de moniteurs occasionnels. Plusieurs centiaines de cannes à pêches sont mises à leur disposition pour leur permettre d’effectuer leur première prise. Conseils et matériel, tout est fourni sur le stand. Chacun repart muni de son trophée et de sa canne, avec en prime les cadeaux offerts par nos partenaires. »

Ainsi, on apprend à des gosses à faire souffrir et à tuer, et en plus, on leur donne des cadeaux pour cela…