Un sympathisant de La Griffe, Hervé, est allé faire un tour à Lille pour assister à la manifestation organisée par un collectif d’associations, lesamedi 15 février. Il s’agissait de protester contre les Ch’tis fox days, un massacre organisé de renards par les chasseurs du Nord. La manifestation a rassemblé plus d’un millier de personnes.
Ch’tis fox days. Sous cette appellation un brin « cow-boy » ou « country » et racoleuse, la fédération départementale des chasseurs du Nord organise cette semaine, du 17 au 23 février, une opération commando dédiée entièrement à la «régulation » du renard sur le département du Nord avec un point d’orgue le week-end prochain, les 22 et 23 février. Déterreurs, piégeurs, louvetiers et chasseurs à tir, sous terre, à courre d’ici ou d’ailleurs, sont invités à mener la vie dure au goupil, de nuit comme de jour, dans le but de faire baisser significativement les populations en faisant de ces journées un massacre de masse organisé, sans justification sanitaire ni scientifique, mais plutôt pour le « plaisir » et pour mettre à l’abri le gibier issu de leurs élevages quasi industriels, devenu une proie facile pour les renards.
Pour l’abolition des « Ch’tis fox days » et, à terme, pour la fin du statut des nuisibles qui n’a aucun fondement écologique, l’ASPAS (Association de protection des animaux sauvages) a créé une pétition, recueillant plus de 38.600 signatures, et organisé une manifestation à Lille le samedi 15 février 2014. De nombreuses associations de défense de la nature (Ligue de Protection des Oiseaux, Rassemblement Anti-Chasse, Convention Vie et Nature, Fondation Brigitte Bardot, Dignité Animale, L 214, Animaux en Péril, Société Protectrice des Animaux, Comité Radicalement Anti-Corrida, Groupe Ornithologique et Naturaliste du Nord, etc.) ainsi que plusieurs militants et élus régionaux d’Europe Écologie Les Verts se sont joints à cet appel.
Nous étions plus d’un millier réunis dans un rassemblement pacifique et festif pour exprimer notre colère et rappeler que le renard est utile à la collectivité et au monde agricole par son rôle de limitation des rongeurs et de régulateur des écosystèmes qu’il occupe.
Durant la saison 2012-2013, 6.500 renards ont été tués dans le Nord, empêchant ainsi la régulation par prédation naturelle de plus de 39 millions de campagnols et autres souris. En se nourrissant des micromammifères responsables des dégâts aux cultures, CHAQUE renard fait économiser 2.400 euros par an aux agriculteurs, selon une estimation de Denis-Richard Blackbourn, docteur en écoéthologie à Paris V et en ethnozoologie au Museum national d’histoire naturelle… et les chasseurs du Nord en tuent 6 à 7000 par an. Sa réputation de mangeurs de poules n’a plus lieu d’être, la majorité des élevages se font industriellement (dans des conditions lamentables), dans des bâtiments où il lui est totalement impossible d’accéder. Les paysans et les particuliers qui en possèdent, ont généralement équipé leurs terrains, surtout pour éviter que les poules ne s’échappent ou qu’elles ne soient volées par d’autres (chien de la maison ou du voisin, rôdeurs…).
Par ailleurs, on ne répètera jamais assez que la régulation des renards se fait de façon naturelle : si la nourriture vient à manquer, la population décline, et inversement. Et ce ne sont pas les chasseurs qui prétendront le contraire, eux qui ont multiplié les cochongliers au point qu’ils n’arrivent plus à faire face aux dégâts qu’ils causent?
Le samedi 15 février, la présence massive et remarquée de jeunes de tous horizons a également permis aux associations de constater que la relève est assurée. Contrairement aux fédérations de chasse dont le nombre d’adhérents est en chute libre alors que leurs crânes se dégarnissent, blanchissent et que leurs tirs sont moins assurés (en 2012/2013 (1) : 179 accidents de chasse dont 21 morts http://www.oncfs.gouv.fr/Chasser-dans-les-regles-ru18/Bilan-des-accidents-de-chasse-2012-2013-news1546). Dans la presse locale, niant un acte de chasse intensive et devant tant d’incompréhension de la part des « écolos (*) », le malheureux président de la FDC 59 s’est déclaré surpris par l’ampleur du mouvement et par la polémique lancée par les associations de défense des animaux. Apparemment désenchanté par le dérapage de son opération de « com » et les retours de bâton qu’elle a provoqués, il a ajouté « Je trouve dommage que pour vivre heureux, il faille vivre
cachés http://nord-pas-de-calais.france3.fr/2014/01/21/ch-tis-fox-days-regulation-disent-les-chasseurs-massacre-du-renard-assurent-les-defenseurs-de-l-animal-399699.html ». Les renards seront sûrement de son avis.
D’ailleurs, s’ils avaient la parole, cette phrase pourrait être le slogan de tous les animaux sauvages de France. Tant il est vrai que nombre d’entre eux, naturellement diurnes, ont désormais adopté des m?urs nocturnes, particularité hexagonale, pour échapper à la pression des chasseurs.
Hervé, délégué de Dignité animale pour l’Allier
(*) Dans la bouche d’un chass’assin, l’écolo, nom latin « Ecolo urbanis », est un animal urbain et nuisible, mais protégé par la loi, ignare de la nature, trop sensible, qui vit en ville au 15ème étage d’un immeuble et qui s’aère parfois, sans gilet fluo, sur les chemins de campagne, dans les bois, en montagne, sur les bords de mer, etc.