En quelques jours, le petit chat Oscar est devenu une star. Un petit chat insignifiant, un chaton mignon au nez bien rose, certes, mais pas le moindre pedigree en vue, rien de rare. Le chaton lambda. Pourtant, à moins de vivre sur une île déserte d’un archipel du Pacifique non encore répertorié sur les cartes officielles, impossible de ne pas en avoir entendu parler. Oscar se serait sans doute bien passé de cette éphémère gloire, puisque la mésaventure qui l’a rendu célèbre aurait bien pu être la dernière de sa courte existence.
Un petit rappel des faits : il y a quelques semaines, un quidam balançait sur la toile une vidéo où on le voyait jeter violemment en l’air un chaton qu’il jetait de nouveau après que la pauvre bête fut retombée lourdement sur le béton… Il venait, croyait-il, d’inventer un nouveau jeu, beaucoup plus intelligent que le jeu de l’oie, le Monopoly ou la marelle : le jeu du lancer de chaton. Les internautes, dont certains n’ont pas aimé du tout, ont réagi en temps record. Le lanceur, qui avait laissé pour mort le petit chat avant de retourner tranquillement vaquer à ses occupations, ne s’attendait sans doute pas à ça. Après l’avoir identifié, la police l’embarquait illico et voilà qu’au terme d’une procédure de comparution immédiate, l’individu se retrouvait condamné à un an de prison ferme par le tribunal correctionnel de Marseille.
Il ignorait peut-être, cet imbécile malfaisant, que ce qu’il venait de faire subir à Oscar portait un nom : sévices et actes de cruauté envers un animal domestique, et que cela tombait sous le coup de l’article 521-1 du code pénal. En d’autres temps, cela eût été qualifié « d’actes de maltraitance » et sanctionné par une amende, voire une légère réprimande, mais là, non. Pour une fois, on avait un magistrat qui prenait la chose au sérieux.
A partir de ce moment-là, les réactions se sont enchaînées. D’aucuns, appartenant au camp des anthropocentristes droits-de-l’hommiste, trouvaient la peine beaucoup trop salée. Et faisaient remarquer que le chaton n’était même pas mort. Quoi ? Tout ce remue-ménage pour une « légère fracture » ! Une broutille. Qu’est-ce que c’est que cette chochotte ? D’autres, à l’inverse, qui auraient bien voulu que le salopard soit condamné au supplice de la roue en place publique, en appelaient au lynchage. Le garçon, qui portait un patronyme indiquant une origine outre-méditerranée, était voué aux gémonies. Les racistes s’en mêlaient. Une pétition circulait même sur le net pour réclamer une peine plus lourde.
Les animalistes, eux, exultaient. Enfin ! Les actes de torture sur les animaux étaient pris au sérieux. Car, il faut bien l’admettre, ce qu’a subi Oscar et qui aurait pu se solder par de multiples fractures, voire quelques hémorragies internes et la mort au bout, cela s’appelle un acte de cruauté. Point barre.
Les antispécistes vegan en rajoutaient une couche, comme le collectif Alarm, de Marseille, qui rappelait que d’accord, le petit chat (même pas mort !)… Mais que tous les jours, dans les abattoirs, des actes de cruauté du même acabit sont perpétrés, etc. C’est rigoureusement vrai. Sauf que, jusqu’à aujourd’hui, et peut-être encore pendant quelques années, le gros de la société pensera que tuer des animaux pour les manger est un mal nécessaire, une horreur légitime. Même si le mangeur de viande moyen refuse de voir les traitements auxquels ces animaux sont soumis, son but n’est pas de martyriser. Même si les abattoirs abritent leur lot de sadiques, l’intention officielle a priori n’est pas de faire mal, juste de tuer. Funeste hypocrisie, lamentable lâcheté, sans aucun doute. Mais… Dans le cas d’Oscar, on peut dire qu’il y avait volonté manifeste de nuire. Que cet acte, qui n’avait d’autre but que de faire mal, procédait d’une véritable cruauté. Doublée de forfanterie, qui plus est. Et que le chaton ne doit sans doute qu’à la chance le fait d’en être sorti vivant. A moins que l’auteur des faits ne fût un disciple tardif de Descartes, attaché comme pas deux à la brillante théorie de l’animal-machine. Ce qui reste peu probable.
Plus grave : en permanence circulent sur Internet des vidéos ignobles, ?uvres de dégénérés, d’assassins décervelés, qui mettent en scène des actes de torture sur les animaux… Le plus souvent en toute impunité. On ne peut décemment pas faire l’amalgame de ce genre d’horreur avec les horreurs ordinaires que sont les abattoirs et les élevages.
C’est pourquoi, à tous ceux qui s’esbaudissent devant l’insignifiance du délit et la dureté de la peine, on répondra, sans même invoquer les meurtres à but alimentaire ou autre mission essentielle de salubrité publique, que, chaque jour, des animaux sont martyrisés comme ça, gratuitement, pour rien, juste pour le plaisir de faire souffrir, par des types qu’on ne saurait même qualifier. Malades ? Un peu trop facile, non ?. On en voit passer sans arrêt sur le net, de ces pauvres bêtes assassinées par des brutes sadiques, petits-fils putatifs du docteur Mengele. On en voit partout, même près de chez nous, et, en général, les assassins, eux, courent toujours. A l’aune des tortures infligées et des sanctions reçues, on est en retard de quelques longueurs. Il n’y aura pas de peine assez dure pour faire payer à l’humanité les crimes qu’elle a commis et commet encore sur les bêtes. On se souvient de ce poney, Pago http://lagriffe.over-blog.net/article-carnage-79438804.html, qui avait été égorgé, démembré alors qu’il était encore peut-être vivant dans son pré. Un peu plus tard, Chouchou, le bélier. D’autres, des chats brûlés vifs, des chiens pendus, défenestrés, roués de coups, jusqu’à ce que mort s’ensuive, écrasés volontairement, brûlés à l’acide, traînés pantelants, derrière des bagnoles, pour les punir ? Et de quoi ?… Cruautés de psychopathes, de brutes malsaines… L’imagination ne fait pas défaut aux minables tortionnaires. Quelles monstrueuses folies les habitent ? Alors oui, vraiment, lorsque la colère est trop grande, on a envie de s’en remettre à la loi du Talion, même si on sait au fond que ça aussi c’est un leurre. Que la justice n’est pas la vengeance. Qu’une sanction, ce doit aussi être pédagogique, sinon, ça ne sert à rien qu’à calmer pour un temps les fureurs vengeresses. Qu’importe, devant de tels actes, tellement vils, qui témoignent de tellement de bassesse, on a honte d’être de la même espèce qu’EUX…
Oui, la cruauté pure, ça existe, et pas seulement à Oradour…
Le tortionnaire d’Oscar pensait aussi peut-être, en substance, qu’un animal n’est qu’un objet, qu’on peut faire joujou avec, le casser exprès. Nos sociétés, bien que pour certaines sur la voie de l’évolution, ne disent pas autre chose. Il suffit d’aller faire un tour dans une animalerie pour le comprendre. Les gens « normaux », même s’ils sont sincèrement attachés à leur chat ou à leur chien, s’ils le considèrent comme un individu et le respectent, acceptent, lorsque cela les arrange, qu’un chat, un chien, ou n’importe quel autre animal, ne soit qu’une marchandise. Il faudra bien un jour se poser des questions sur cette attitude schizophrène.
Il suffit de penser à la sidération du petit Oscar regardant son tortionnaire sans comprendre, de sa terreur devant une situation effrayante et inconnue de lui, pour se dire que, finalement, un an de prison qui se transformera en quelques mois, ce n’est que justice. Pendant ce temps-là, au moins, il y aura un tortionnaire de moins sur la place.
Et si s’émouvoir du sort d’un seul petit chat semble à certains dérisoire alors qu’il y a tant et tant d’animaux exploités de par le monde, on leur répondra que parfois, les petites batailles font les grandes victoires, que derrière les moustaches d’Oscar, se cachent bien des souffrances qui ne demandent qu’à être prises en compte, et qui le seront (peut-être ? sans doute ?) un jour. L’histoire d’Oscar, c’est bien plus que l’histoire d’un chaton martyrisé, c’est un signe que la voie est ouverte…
Joss Barn
Je suis tout a fait d’accord pour la sanction ,mais ce qui est bien malheureux c’est que des milliers d’autres petites bêtes agonises dans l’ignorance la plus total et dire que lorsque que nous donnons tout les jours un médicament à notre chat pour soulager son cœur parce qu’il devient vieux et que nous voulons le garder le plus longtemps possible en bonne santé et de la petite chatte que nous avons adopté alors quelle passait ses nuits dehors
Si on pouvait sauvé toutes ces bêtes ce serait magnifique
Mais malheureusement à coté de cela combien d’Être humain soufre aussi de barbarie